Un projet art/science/société inédit

“ Comme je ne sais pas résoudre certaines questions que je me pose, je fais appel à des experts qui en savent davantage que moi, ainsi qu’à des artistes dont la sensibilité est très différente et dont les frottements permettent de produire de la pensée ».

Bruno Latour, cité par Nicolas Truong dans « Bruno Latour, penseur du « nouveau régime climatique », est mort », Le Monde, lundi 10 octobre 2022

L’interdisciplinarité est au coeur du projet MIMI, qui cherche à rapprocher les sciences et les humanités.
Changer de langage et de point de vue permet de mieux appréhender des notions telles que les imaginaires et de mieux comprendre les notions d’incertitude.

Les artistes produisent depuis des siècles des imaginaires autour de la mer, qu’il s’agisse de représentations non réelles (sirènes, monstres sous-marins, etc) ou de récits et d’images plus réalistes (Hemingway, Hugo, etc), imaginaires forts qui se diffusent ensuite auprès du grand public.

Les scientifiques produisent, eux, des imaginés, comme des modèles qui sont en mesure de fournir des éléments de connaissance fiables et éprouvés, pour le reste de la communauté scientifique, pour les acteurs de la pêche et, dans une moindre mesure, auprès du grand public.

Ce n’est pas un hasard si on parle de recherche artistique et de recherche scientifique, tant ces deux disciplines sont en proie au doute et à l’incertitude. Le projet MIMI prend le pari que réunir artistes et scientifiques sur un même projet permettra justement à la fois :

  • de rendre plus tangible cette zone d’incertitude dans la recherche
  • de générer des représentations des socios-écosystèmes marins plus fortes et plus pertinentes.

Une restitution au grand public a eu lieu le 12 avril 2023 en partenariat avec le TU-Nantes, scène jeune création et arts vivants.

Alimenter l’imaginaire  

Les cinq artistes observateurs de la démarche scientifique et des ateliers partenariaux au début du projet, sont devenus acteurs du projet en créant des liens avec les scientifiques, les représentants des pêcheurs et les gestionnaires. Fruits de cette résidence au long cours, leurs créations artistiques questionnent notre rapport aux écosystèmes marins, à la pêche et à l’incertitude tout en alimentant notre imaginaire sur la mer, la pêche et le travail des scientifiques sur ces sujets.

Représenter l’incertitude / Colyne Morange

Conférence performée

Cette conférence performée est une dérive poético-réflexive, une promenade parlée autour de la notion d’incertitude.
Une artiste-conférencière retrace, avec humour, le chemin de pensée qu’elle a parcouru, au sein d’un projet scientifique auquel elle a été invitée.
Partant de ses représentations intuitives, elle raconte comment cette expérience la déplace, l’amène à appréhender le réel autrement. Au fil de son récit, de sa découverte d’un champ d’activité jusque là inconnu, elle tente de se réconcilier avec les mathématiques, se confronte aux gaps de communication entre des personnes parlant la même langue. L’incertitude va progressivement s’étendre à différentes échelles, revêtir différentes formes, et générer un vertige chez la performeuse… 

Quel rapport entretient-on avec l’incertitude ? Comment se la représente-t-on ?

Texte, concept et performance : Colyne Morange –
Aide dramaturgie : Marion Thomas, Rose Guégan.
Scénographie et costumes : Laura di Marc.

Stomach Company

Merlu Moyen / Marion Thomas

Théâtre performance

Pourquoi une parure de lit avec des imprimés merlu, ça n’existe pas ? Pourquoi quand on tape  »merlu » dans la barre de recherche d’un navigateur internet, on trouve d’abord des recettes de cuisine ? Pour répondre à ces questions, et bien d’autres encore à propos du merlu, je suis partie sur ses traces.
Merlu Moyen est une création théâtrale qui tente de réhabiliter ce poisson un peu trop négligé dans l’imaginaire collectif.

Texte, concept et performance : Marion Thomas

Compagnie FRAG

Une main pour l’homme, Une main pour la mer / Perrine Mornay

Performance radiophonique et musicale

Cette proposition sonore fait se rencontrer le son du oud, d’un vieux synthé modulaire avec les voix de Jean-Jacques, marin pécheur, Yaël, sage femme, Sophie, économiste et Morgane, halieute.
A priori rien ne les rapproche sauf un principe, celui de l’incertitude. 

Comment envisagent-t-ils cette notion dans leur pratique ? C’est ce que le Collectif Impatience a cherché à comprendre en leur proposant des marches de nuit ou de jour, dans un port, au bord d’une rivière…
Ce sont les extraits mêlés de ces balades que mettent en ondes Perrine, Brice et Sébastien comme une dérive questionnant le futur, les transitions à venir et ce qu’il faut comprendre du passé pour imaginer une suite.

Texte, concept et performance : Perrine Mornay

Prise de son, montage et musique : Brice Kartmann et Sébastien Rouiller

Production : Collectif Impatience

∆elta / Jérémie Ramsak

Exploration sonore et musicale

∆elta est une exploration sonore et musicale des thématiques du projet MIMI – Modèles, Imaginaires et Incertitudes. Imaginer un écosystème de sons, un modèle des liens entre ses éléments – textures, timbres, rythmes, hauteurs, … – et les faire / les laisser interagir. Réduire les incertitudes ou se les approprier, se glisser dans les interstices et laisser les matières sonores s’hybrider, se métamorphoser et occuper l’espace.

Composée à partir de paysages sonores et de captations d’instruments de musique « immergés » , ∆elta est une performance de musique électronique « immersive » – un minimum pour un projet sur l’écosystème marin.

Musique : Jérémie Ramsak

Spatialisation, son : Xavier THIBAUD 

Percussionniste grenouille : Matéo Guyon

Collectif 1Name4aCrew

La machine et le plancton / Jérôme Blin

Exploration photographique 

Cette résidence artistique a été pour Jérôme Blin l’occasion de faire se rencontrer l’art et la science. La photographie lui a permis de s’emparer des questionnements soulevés par les modèles informatiques : grâce à un medium du réel et un outil concret, il a pu aborder les abstractions de la science. Il a donné une lecture personnelle d’un processus scientifique complexe, qu’il a tenté de rendre lisible.

La machine et le plancton sont devenus des sujets de travail.
Cette exploration photographique rend compte par fragments des incertitudes des modèles scientifiques.  

Photographe-scénographe : Jérôme Blin

Editions sur la Crête