Modèles, IMaginaires et Incertitudes (MIMI)
La complexité des socio-écosystèmes marins, combinée à des observations souvent indirectes et incomplètes, conduit à des représentations éloignées de leur fonctionnement réel. L’acceptabilité des outils de modélisation comme supports à la décision, est conditionnée à l’adhésion des différents acteurs à la vision du socio-écosystème qu’ils présentent.
Identifier les convergences et intégrer les divergences de représentation comme une forme d’incertitude de processus est un préalable essentiel à la co-construction de scénarios d’évolution ainsi qu’à leur utilisation pour l’aide à la décision politique. Cette incertitude de structure s’ajoute aux incertitudes plus classiquement identifiées et propagées dans les modèles, telles que l’incertitude d’estimation ou d’observation. Ces incertitudes sont rarement présentées aux parties prenantes, cependant elles devraient être un élément de la décision à part entière et communiquer la précision et la robustesse des diagnostics garantit la transparence et la crédibilité des avis scientifiques. Le dilemme provient du fait que mettre l’accent sur l’incertitude est un moyen efficace pour jeter le doute sur une affirmation et justifier l’inaction ; la cacher revient à faire état de certitudes et permet d’imposer une position partisane.
MIMI un projet Science en Société
Le projet MIMI (Modèles, IMaginaires et Incertitudes) financé par la direction scientifique de l’Ifremer (AMI Sciences en société) a pour objectif de contribuer à la résolution de ce dilemme. Il vise à partager, entre acteurs de la pêche et scientifiques, les représentations, les connaissances et les incertitudes sur les écosystèmes marins. Cet échange doit permettre d’enrichir les scénarios d’évolution des socio-écosystèmes marins issus des modèles complexes et d’élaborer des supports de communication pertinents pour leur diffusion. Dans ce projet, nous chercherons à répondre aux questionnements suivants : Comment intégrer dans les modèles des formes de connaissance et d’incertitude qualitatives issues de la perception et l’expertise des acteurs ? Quelle place doit avoir l’incertitude dans la communication des résultats scientifiques auprès des acteurs de la pêche et plus généralement de la société ? Faut-il renoncer à rendre compte des incertitudes inhérentes à nos travaux pour les rendre communicables et utilisables par les parties prenantes ? Comment communiquer sur des résultats incertains ?
Une méthodologie inédite
Notre méthodologie repose sur deux ateliers avec les participants du groupe partenarial du Comité National des Pêches et de l’Élevage Marin (CNPMEM) et l’IFREMER. Le modèle ISIS-Fish permettra de concrètement illustrer et traiter de la prise en compte de l’incertitude. Des artistes (auteures, metteuses en scène, performeuses, musiciens, photographe) partenaires du projet ont utilisé les savoirs communs comme matière première de productions artistiques à destination du grand public.
Les produits des ateliers à destination des scientifiques, des professionnels de la pêche et de la société ont été :
I) des outils graphiques de présentation de modèles, de l’incertitude et de scénarios,
II) un atelier participatif pour simuler des prises de décision dans un contexte incertain,
III) mais aussi une production artistique qui a pris la forme d’une restitution comprenant performances théâtrales, créations sonores et exposition photographique.